On m’a dit que j’avais une jambe plus courte…
- Valentin
- 21 juil.
- 3 min de lecture
Fausse vérité ou vraie adaptation ?
C’est une phrase que de nombreux patients entendent un jour dans leur vie. Parfois lors d’une séance d’ostéopathie, d’une visite chez un podologue, ou même à la suite d’une simple consultation pour des douleurs de dos :
“Ah, vous avez une jambe plus courte.” Mais que signifie réellement cette affirmation ? Est-ce un diagnostic médical ? Est-ce grave ? Et surtout… est-ce toujours vrai ?

Inégalité de longueur : une réalité rare, mais possible
Oui, certaines personnes présentent une différence réelle et mesurable de longueur des membres inférieurs (LLMI) — d’origine congénitale, post-traumatique (fracture, opération), ou développementale. Ces inégalités dites anatomiques dépassent souvent 5 mm à 1 cm, et peuvent effectivement provoquer des troubles posturaux, douleurs lombaires ou dysfonctions articulaires à long terme. Elles sont objectivables par des examens comme la radiographie EOS, et peuvent être prises en charge par des semelles compensatrices, une rééducation ou un suivi pluridisciplinaire.
Mais dans l’immense majorité des cas, il ne s’agit pas d’une vraie inégalité.
L’illusion de la “jambe courte” : une adaptation posturale
Dans plus de 80 % des cas, ce que l’on prend pour une jambe plus courte n’est en réalité qu’une asymétrie fonctionnelle, c’est-à-dire une adaptation du corps à des tensions musculaires, des blocages articulaires ou une mauvaise posture prolongée.
Exemples fréquents :
Un bassin en rotation ou en inclinaison
Un psoas hypertonique d’un côté
Une compensation liée à une douleur ancienne
Une posture prolongée (port de charge, jambes croisées, sport asymétrique)
Résultat : le membre paraît plus court, mais sa longueur osseuse est normale. Et surtout, l’origine est réversible avec un bon travail de mobilité, de relâchement myofascial et de correction posturale.
Le danger d’un faux diagnostic
Recevoir ce type de “diagnostic” sans examen objectif peut entraîner :
De l’anxiété inutile
Le port de semelles injustifiées
Une fixation mentale sur un déséquilibre imaginaire
Parfois, une aggravation du schéma postural par surcompensation
Attention aux explications simplistes. Le corps humain est adaptatif, asymétrique, et dynamique. Ce n’est pas un meuble qu’on cale avec une cale sous le pied.
Le corps compense. L’esprit dramatise.
L’un des grands principes du vivant, c’est l’adaptation. Nous sommes tous légèrement asymétriques, et ce n’est pas un problème. Le corps est capable d’absorber de nombreuses irrégularités tant que la mobilité, la coordination et le tonus sont bien régulés.
Mais lorsque le discours médical fige une “différence” comme un défaut ou une pathologie, le patient peut entrer dans un cercle vicieux :
Hypervigilance corporelle
Surprotection d’un côté du corps
Peur du mouvement
Augmentation de la douleur
Le bon réflexe : évaluer, comprendre, accompagner
Chez un professionnel formé, une suspicion d’inégalité de longueur ne se résume jamais à “vous avez une jambe plus courte”.Elle doit toujours s’intégrer dans une analyse globale du corps, avec :
Un examen clinique complet (statique + dynamique)
Une prise en compte des antécédents, postures, douleurs, habitudes
Un diagnostic différentiel clair entre inégalité réelle et adaptation posturale
Et surtout : le traitement ne se limite pas à des semelles. Mobilisation, rééquilibrage, travail respiratoire, renforcement global : l’approche doit être fonctionnelle, intelligente et personnalisée.
Ce que vous pensez être “plus court” est souvent une réponse intelligente du corps.
Et c’est là que l’ostéopathie prend tout son sens : observer, écouter, accompagner le corps dans sa capacité d’autorégulation. L’important n’est pas de rétablir une symétrie parfaite. C’est de redonner du mouvement, de la confiance et de l’équilibre.
Conclusion
Une jambe “plus courte” ? Oui, peut-être. Mais souvent pas comme vous le croyez. La vraie question n’est pas “quelle longueur mesure ma jambe ?”
Mais plutôt :
“Pourquoi mon corps a-t-il choisi cette posture ? Et comment puis-je l’aider à retrouver sa fluidité ?”